La culture, principe actif de l’Europe
Basé à Bordeaux, le LABA porte des projets de coopération européens mêlant des enjeux sociaux et éducatifs à une dimension culturelle et artistique. Deux projets en cours montrent la variété des thématiques et l’originalité des approches : My Peace, qui sensibilise les jeunes à la paix via la pratique musicale, et #ENDOs, qui mène une action d’information internationale sur l’endométriose, mêlant recherche médicale, action artistique et expertise citoyenne.

©Zoé Chabbert
Ruche d’innovation et de coopération internationale, le LABA porte depuis dix ans de multiples activités, réparties en plusieurs pôles. L’association LABA initie ou soutient des projets européens de coopération et d’innovation et coiffe un « pôle de mobilité » permettant à de nombreux·euses jeunes de se déplacer en Europe et à des acteur·rices culturel·les de Nouvelle-Aquitaine de découvrir les opportunités de travail à l’échelle de l’Union européenne. Parallèlement, ALBA, entreprise partenaire, gère des formations aux financements européens et propose de l’accompagnement aux projets.
« La spécificité des projets soutenus par le LABA, précise Constance Michaud Nancy, chargée de projet international, est d’y faire intervenir des artistes et des personnes travaillant dans l’industrie culturelle et créative, sachant que la notion de « culture » pour les institutions européennes est plus inclusive que la vision française : l’artisanat, la dimension numérique et éducative y sont notamment pris en compte. »
En dix ans, l’organisme a mené de multiples coopérations à l’échelle européenne, réunissant universités, chercheur·euses, écoles, lieux de diffusions. Quelques chiffres témoignent de son bilan : 100 projets développés, 1200 bénéficiaires, 1000 partenaires internationaux, 150 en Nouvelle-Aquitaine. Deux projets Erasmus+ en cours à forte dimension artistique, My Peace et #ENDOs, illustrent la manière dont la culture peut-être porteuse d’enjeux sociaux partagés entre partenaires européens.
MY PEACE : LA MUSIQUE VECTEUR DE PAIX
Initié en 2023, My Peace, qui doit se conclure en 2026, est porté par la scène de musiques actuelles Le Rocher de Palmer avec sept partenaires, issus d’Ukraine, du Danemark, d’Irlande, de Bosnie, d’Allemagne. Les objectifs sur ce projet reprennent la philosophie d’une vieil adage, selon lequel la musique adoucit les mœurs : la pratique musicale devient vecteur pour sensibiliser à la paix en Europe. My Peace s’adresse aux jeunes de chaque pays – ici, aux lycéen·nes de la métropole bordelaise – mais aussi aux éducateur·rices et à l’ensemble des acteur·rices du champ de la musique. « Ce qui va être créé, explique Constance, ce sont des guides de bonne pratique et une feuille de route sur la manière de conduire des actions auprès de la jeunesse dans le secteur musical. » Dix sessions de formation musicale sont organisées avec des jeunes dans le cadre du projet. À Bordeaux, un atelier s’est tenue à la Maison ukrainienne le 26 février, avec les associations SOS Méditerranée et le collectif Bienvenue et une session de formation, les 3 et 4 mars, a rassemblé dix personnes autour du poète Souleymane Diamanka et de la musicienne Ophélia Hié, organisatrice du Carnaval de Bordeaux, pour s’initier à l’écriture de texte et la composition musicale autour du thème de la paix. Parallèlement, les structures partenaires organisent également des formations dans leurs pays respectifs. En septembre, une session de rencontre et formation de quatre jours organisée par le LABA et le Rocher de Palmer verra la participation de 32 jeunes venus des différents pays.
À l’arrivée, les dix sessions créatives doivent donner lieu à des vidéos qui seront mises en ligne sur le portail web du projet. D’ores et déjà un site internet et un webzine permettent de suivre les différentes étapes et expériences partagées.
➜ mypeaceproject.eu
#ENDOs : LE POUVOIR D’AGIR DES FEMMES
Sait-on que l’endométriose touche une femme sur dix ? C’est parce qu’elle est une patiente de cette maladie aussi méconnue que répandue que Nadia Russell Kissoon, artiste fondatrice de la structure L’Agence créative, Endométriose Academy, qui a intégré le projet #ENDOs piloté par le LABA dans le cadre du dispositif Erasmus+ Éducation des adultes. #ENDOs rassemble neuf partenaires de cinq pays différents : trois universités en Irlande, Italie et Finlande, deux startup – VULGAROO (Bordeaux) et Digital Narrative Medicine (Rome) – , et trois acteurs culturels – le LABA, L’Agence créative (Bordeaux) et le Musée de l’Histoire des femmes à (Stockholm).
Initié en 2023 pour trois ans, le projet s’est développé selon trois axes :
• un axe artistique, avec la participation d’artistes pour la plupart atteintes elles-mêmes d’endométriose, qui s’est concrétisé avec l’exposition Breaking This Silence, présentée à Bordeaux en février 2024 et diffusée au Musée d’Histoire des femmes de Stockholm et prochainement à Berlin ;
• un axe sur la médecine narrative, qui veut mettre la parole de la patiente au cœur de la prise en charge en recueillant et valorisant le témoignage de plusieurs centaines de femmes atteintes de la maladie, collecte de témoignages actuellement en cours et jusqu’en juin 2025 ;
• un axe digital, offrant grâce à l’IA une meilleure compréhension des rapports médicaux par les personnes atteintes d’endométriose.
« J’ai écrit le projet Endométriose Academy depuis ma triple casquette de directrice artistique d’une structure, plasticienne, et patiente partenaire. » raconte Nadia Russell-Kissoon, qui a suivi une formation au diplôme de Patiente partenaire qui permet aux personnes atteintes d’une maladie de transformer leur expérience vécue de la maladie en expertise au service de la collectivité.
« Tout l’enjeu et le défi du projet, commente Constance Michaud Nancy, est de faire travailler ensemble des partenaires aux profils si différents – artistes, médecins spécialistes, chercheur·euses, spécialistes de la tech– autour d’un objectif partagé : donner aux femmes le pouvoir d’agir sur leur maladie. » Si les partenaires ont jusqu’ici plutôt travaillé sur leurs différentes spécialités, la collecte de paroles de patientes crée précisément le pont entre artistes et chercheur·euses des différents pays : « c’est la dimension délicate du projet : inviter toutes les parties prenantes à collaborer ensemble. On a la chance en France de pouvoir s’appuyer sur des associations de patientes et de soignant·es, mais aussi des services ou cliniques spécialisés dans la prise en charge de cette maladie ». « La dimension européenne est formidable par l’ampleur qu’elle donne au projet. Il y a un dynamisme extraordinaire des partenaires et un vrai engagement », conclut Nadia.
Une rencontre publique récente l’a montré : le 18 mars, les Avant-Postes à Bordeaux accueillait précisément des conférences et tables rondes sur le projet, ainsi qu’’une suite de l’exposition Breaking This Silence. L’occasion d’écouter les paroles croisées et passionnées de chercheurs·euses, artistes, développeur·euses, patientes partenaires et artistes et de voir comment fonctionne une vraie convergence de projet.
➜ endostories.eu

Le LABA
32 Rue du Pont de la Mousque 33000 Bordeaux
contact@lelaba.eu
lelaba.eu
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