Impacts de la crise COVID-19 sur les parcours professionnels des artistes en Nouvelle-Aquitaine – le bouleversement, l’inégalité et la relation

Afin de mieux appréhender sur le long terme les évolutions de la vie culturelle, L'A. pilote, avec l’appui de ses partenaires, un travail d'observation partagée à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine sur les impacts de la crise sanitaire sur le secteur culturel. Un axe de travail identifié dans ce cadre est l’approche qualitative des parcours professionnels des artistes.

L’étude

La méthode : des entretiens collectifs entre artistes

Ce travail a été décliné au printemps 2021 sous la forme d’une campagne d’entretiens collectifs rassemblant 57 artistes régionaux de tous horizons : spectacle vivant, arts plastiques et visuels, cinéma – audiovisuel, livre. Il a permis d’aborder des problématiques structurelles liées à l’activité créative des personnes hier, aujourd’hui et demain.

Les enseignements

Cette synthèse des entretiens collectifs cherche à mettre en perspective des situations vécues individuellement à une époque donnée afin de rendre compte de la réalité plus vaste du secteur dit culturel.


La crise est une période ambivalente, révélatrice du rapport contrasté qu’entretiennent les personnes au numérique, au temps et à la pluralité de leurs activités professionnelles.

Cette publication ne se borne pas à observer les adaptations temporaires qui sont survenues du fait de l’alternance entre les périodes de ralentissement et de reprise de l’activité artistique en 2020 et 2021 mais elle s’attarde plutôt sur les éléments qui bouleversent l’écosystème dans lequel les personnes évoluent car ils font resurgir la fragilité structurelle de celui-ci.

La pandémie a bousculé des façons de faire, des équilibres instables, et implique des remises en question des personnes qui se sentent menacées par des logiques et des systèmes plus grands qu’elles.

L’accompagnement, la formation, le fait de retrouver du temps et de l’espace libre pour un questionnement sur le sens sont des modalités rassurantes et nécessaires selon les participant·e·s à la démarche.

Malgré le soutien des pouvoirs publics et des organismes professionnels existants, cette crise est un révélateur de la précarité que connaissent de nombreux artistes.

Ils et elles vivent des situations inégalitaires du fait de leur identité en tant que personne dans la société (genre, couleur de peau, âge, habitant en milieu rural ou urbain etc.) mais également en fonction de marqueurs nombreux, spécifiques au domaine professionnel de la création artistique : leur statut professionnel, leur accès au régime spécifique de l’assurance chômage, leur positionnement disciplinaire, leur implantation et leur réseau.

Le système de l’intermittence ne protège pas toujours de la précarité et, surtout, n’est pas généralisé à l’ensemble des artistes comme l’ont rappelé de nombreux·euses participant·e·s (artistes-auteurs, plasticien·ne·s …).


La crise traversée a permis aux participant·e·s aux entretiens de renforcer des relations d’interconnaissance (un collectif artistique et un lieu culturel travaillant déjà ensemble). La période a aussi donné lieu à des rencontres entre des personnes qui ne se connaissaient pas et qui ont tissé des liens (deux artistes au sein d’une occupation d’un théâtre ou un·e artiste et un organisme d’accompagnement).

Néanmoins, un fort sentiment de colère s’exprime car toutes les relations humaines ne sont pas marquées aujourd’hui par la solidarité, la sincérité et la confiance réciproque. À partir de la formulation d’une demande de plus d’écoute et d’empathie dans les témoignages individuels s’affirme une volonté de changement des modes organisationnels de la vie culturelle de façon plus large.

Le socle d’exigences observé et le dynamisme des personnes qui les portent semblent être de nature à permettre, collectivement, de nous attaquer aux transitions culturelles nécessaires.

Réalisation : Léopold Jacqueline, Pôle Observation-ressources
Contact : t.vriet@la-nouvelleaquitaine.fr

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