Magazines Février – Avril 2021

Magazine Février – Avril 2021

Février 2021

Édito

2021 a commencé comme s’est terminé 2020. On s’est souhaité nos vœux sincèrement… mais sans trop y croire. « Une meilleure à défaut d’une bonne année » a-t-on souvent entendu.

Tous les établissements culturels restent fermés (à l’exception des médiathèques et des librairies) et la date de leur réouverture n’est à ce jour pas connue. Au printemps ? Cet été ? À la rentrée ? Nous sommes dans l’expectative la plus totale depuis de nombreuses semaines et pour un temps encore. Et ce n’est pas le référé déposé au Conseil d’État par certains acteurs du secteur culturel en fin d’année dernière demandant la réouverture immédiate des cinémas, théâtres et salles de spectacle qui a changé la donne. Tout au plus le juge a-t-il pointé que la fermeture porte une atteinte grave aux libertés, notamment à la liberté d’expression, la liberté de création artistique, la liberté d’accès aux œuvres culturelles et la liberté d’entreprendre. Une « atteinte grave » à de nombreuses libertés fondamentales mais pas une « atteinte manifestement illégale »… Nous voilà bien avancés.

Alors, chacun s’organise et résiste à sa manière: reprogrammation, report, annulation, diffusion d’œuvres en ligne, résidence, spectacle dans la rue ou chez l’habitant, rencontre professionnelle en ligne, création de réseau, concertation, mais aussi manifestation dans l’espace public, envoi de lettre de revendication, action coup de poing, ouverture symbolique de lieu… Autant d’expériences et de démarches qui contribuent à mettre en lumière le professionnalisme et l’engagement des gens de culture. Elles témoignent aussi de l’impérieuse nécessité de promouvoir l’art et la culture comme une activité essentielle de la vie humaine. Après de nombreux mois d’apnée sociale, de cumul de frustration, de conditions dégradées de travail, il devient urgent de reprendre notre respiration.

Comme vous le savez, L’A. est notamment missionnée pour l’observation de la culture en Nouvelle-Aquitaine. Chaque année, nous publions des études, enquêtes, états des lieux, cartes interactives. Jusqu’à 2020, nous travaillions à partir de données consolidées et fiabilisées des exercices précédents avec parfois un décalage dans la disponibilité des sources de deux voire trois ans. Avec cette pandémie et ses terribles conséquences, nous avons modifié notre façon de travailler (cf. dossier de L’Affût octobre-novembre-décembre 2020 Observer les impacts de la crise). Observer ce qu’il se passe ici et maintenant apparaît comme un besoin vital pour beaucoup d’acteurs, à commencer par les décideurs qui ont la responsabilité d’adapter leurs mesures d’urgence et plans de transition à l’évolution de la situation.

Mais quid de l’avenir ? Comment anticiper les changements à venir ? Comment construire dès aujourd’hui des stratégies qui intègrent ces évolutions prévisibles ? Comment aller vers un futur souhaitable et ne pas subir l’inéluctable déroulement des choses ? C’est tout l’enjeu de la prospective qui s’appuie sur une approche systémique, transversale, inclusive et méthodique. Anne Jacod, sollicitée par L’Affût en parle mieux que moi en qualité de chargée de mission prospective et animation des réseaux scientifiques et techniques au Commissariat général au développement durable. Voir son article page 9. Pour L’A., il s’agit de s’engager dans une démarche exploratoire. Un nouveau et ambitieux chantier s’ouvre… Nous aurons l’occasion d’y revenir dans les prochains mois.

En 2021, faisons route ensemble vers l’horizon!