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Magazine L’Affût Été 2020

Été 2020

Édito

COVID-19… Ce virus encore inconnu il y a 3 mois vient de provoquer un peu partout dans le monde un terrible choc sanitaire, social et économique, inédit depuis la seconde guerre mondiale. Les mesures d’urgence rapidement mises en œuvre par chaque niveau de collectivité feront place dans les prochaines semaines à d’ambitieux programmes de relance avec pour vocation des réponses plus collectives et systémiques.

Pour l’heure, chaque secteur d’activité fait le bilan (provisoire) de ses pertes et de ce qu’il lui reste pour redémarrer. S’il en est un plus particulièrement impacté, c’est celui de la culture ! Aucune discipline, esthétique ou filière n’est épargnée. Fortement soutenues par la puissance publique ou exclusivement liées au secteur marchand, les différentes organisations artistiques et culturelles, fragiles avant la crise ne sont que plus exsangues aujourd’hui. Passée la phase de sidération, nous sommes entrés depuis quelques jours dans un moment de panique, voire de colère.

Pour ce qui est du spectacle vivant, ce qui avait déjà été pointé en 2003, lors de la grande crise des intermittents est aujourd’hui plus que jamais mis en exergue. Les préconisations, pétitions et livres blancs rédigés à l’époque ont-ils été suivis d’effets ? Qu’est-ce qui a vraiment changé 17 ans après ? En définitive, peu de choses… Il s’agit là d’une responsabilité collective qui doit sans doute nous amener à faire collectivement un examen de conscience. Non pas pour s’arrêter à un simple regret peu productif ou pour incriminer tel ou tel acteur. Tout au contraire, il s’agit désormais d’identifier où ça n’a pas fonctionné, quels ont été les blocages et d’y travailler ensemble pour les dépasser.

Les solutions aux problèmes d’hier doivent cependant être reconsidérées à la lumière du monde présent et futur. Car entre temps, le monde a changé. La prise de conscience du réchauffement climatique, l’engagement dans le respect des droits humains incarnés dans les droits culturels, la digitalisation des activités, l’exigence sanitaire qui s’impose désormais dans tous les pans des politiques publiques, sont autant d’éléments nous obligeant à d’autres manières de penser et d’agir.

Les historiens nous le diront peut-être dans 10 ans mais il semble qu’on peut d’ores et déjà émettre une hypothèse : on assiste à la fin d’une longue période de politique culturelle. Nous basculons ainsi dans un nouveau monde où nous devrions nous investir pour plus de liberté, d’égalité et de dignité. Un monde où il ne faudra pas seulement de nouvelles politiques économiques mais aussi et surtout de nouvelles politiques sociales. Oui, à l’heure de la distanciation, sans doute faut-il œuvrer plus que jamais à une politique de la relation.

Et pour cela, nous avons besoin des artistes et des auteurs, car ce sont leurs œuvres et les liens qu’elles génèrent qui ont la magie d’éclairer le monde et d’enrichir notre humanité si malmenée.