La Locomotive

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en octobre 2019

Créée à l’initiative d’habitants, La Locomotive développe un projet ambitieux qui s’étend au-delà de son territoire d’implantation.

S’affranchir des frontières

En 1987, de jeunes musiciens en quête de locaux où répéter sollicitent la Ville de Tarnos. Celle-ci acceptant de mettre à leur disposition les anciennes écuries du Château de Castillon, naît l’association La Locomotive, qui au fil des ans voit sa notoriété s’accroître grâce à l’accueil de nombreux groupes landais dans des studios puis à la tenue de concerts. Émanation du territoire, cette belle aventure bénévole amorce en 2002 un virage professionnel lors de l’arrivée aux commandes de l’actuel directeur, Daniel Rodriguez, qui s’attelle à l’écriture d’un projet. Mais un autre événement va définitivement convaincre publics et partenaires institutionnels du bien-fondé de sa démarche : en 2003, La Locomotive co-organise la venue à Tarnos d’Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra pour un concert rassemblant 4 200 personnes. « Dès lors, se souvient Daniel Rodriguez, le Département des Landes nous a accordé sa confiance. Les bénéfices générés par ce concert nous ont également permis de consolider l’association. » Poursuivant sur sa lancée, l’association assure la direction artistique de deux festivals, Les Océaniques à Tarnos et Festi Mai à Saint-Martin de Seignanx. Suite à l’arrêt du premier, elle se concentre alors sur son projet, articulé autour de deux axes : une dimension participative incarnée par l’importante place accordée aux bénévoles à des postes clés (régie, accueil artistes et billetterie) ainsi que dans la gouvernance, et un ancrage territorial élargi aux Pyrénées-Atlantiques. « Nous avons anticipé il y a dix ans ce qui est aujourd’hui devenu une réalité : la disparition des délimitations administratives au profit de la prise en compte des bassins de vie », explique Daniel Rodriguez, qui a repoussé davantage encore les frontières en menant des actions avec la Ville de Pampelune et le Gouvernement de la Navarre, en Espagne.
La meilleure illustration de ce rayonnement est l’aménagement en 2011 d’une salle de 200 places, Le Magnéto, à Bayonne. Un choix géographique intimement lié à la programmation défendue par l’association. « Notre positionnement sur l’émergence et des niches esthétiques, complémentaire de celui de L’Atabal à Biarritz qui présente des têtes d’affiche, nécessitait un lieu en cœur de ville », souligne son directeur, ravi de la mixité des publics qui se pressent au Magnéto. Aujourd’hui, Bayonne accueille les concerts et les résidences tandis que Tarnos abrite trois studios de répétition, une partie des cours dispensés par l’école de musique La Rockschool (ouverte en 2016) et un espace dédié à l’accompagnement de projets. Afin de contribuer au développement des artistes, La Locomotive œuvre, avec plusieurs autres opérateurs au sein du dispositif de repérage et d’accompagnement Le XL Tour initié par le Département des Landes. Avec dix salariés, 70 concerts par an, 200 élèves à La Rockschool, nombre d’amateurs fréquentant ses studios, des projets impulsés avec d’autres acteurs du territoire, La Locomotive n’a rien à envier à une SMAC… si ce n’est son budget, bien plus modeste : 320 000 euros, avec un taux de subventionnement peu élevé (27%). Aussi son directeur préfère-t-il aujourd’hui se concentrer sur la deuxième phase de travaux du Magnéto (1,6 millions d’euros injectés par la Ville de Bayonne), tout en se disant – à raison – fier du chemin parcouru depuis 30 ans.

L’Affût : En quoi un projet comme celui de La Locomotive est-il particulièrement important en milieu rural ?

Daniel Rodriguez : La Locomotive est effectivement située dans un bassin de vie très rural mais capable, grâce à ses nombreuses activités, d’attirer des publics sur un rayon de 10, 20 voire 30 km, et bien sûr des Tarnosiens. Nous permettons au territoire de conserver une attractivité et défendons une esthétique spécifique qui n’est pas forcément représentée dans les villages alentour. La présence d’un projet comme le nôtre contribue par ailleurs au développement économique de la ville et de ses environs, car nous travaillons quotidiennement avec des imprimeurs, des hôteliers et des restaurateurs lors de l’accueil d’artistes. Enfin, La Locomotive va s’impliquer dans l’éducation artistique et culturelle puisqu’elle est désormais sollicitée pour intervenir dans les établissements scolaires et initier leurs élèves à d’autres esthétiques musicales.

L’Affût : La Locomotive est depuis 2014 membre de la SMAC de Réseau des Landes. Que vous apporte la présence au sein de ce réseau ?

Nous avons toujours adopté une démarche participative, collaborative et partenariale. Intégrer un réseau était alors naturel, et ce sont d’ailleurs les actions que nous menions avec des partenaires landais qui ont contribué à l’émergence de ce label. Si la SMAC réunit La Locomotive, La Fée du Son (Dax), Latitudes Production (Gamarde-les-Bains), Musicalarue (Luxey), le Conservatoire des Landes, Landes Musiques Amplifiées (Saint-Vincent-de-Tyrosse) et CaféMusic (Mont-de-Marsan), les subventions de la DRAC portent uniquement sur ces deux dernières structures. Nous ne percevons donc pas de financements, mais la présence au sein du réseau nous a permis de développer des projets et d’acquérir une reconnaissance de la part de la Région, qui désormais nous soutient. Le socle commun à la SMAC est l’organisation du XL Tour. D’autres initiatives, passant ou non par le réseau, se mettent toutefois en place. Et nous échangeons de manière informelle sur des propositions artistiques, des questions relatives à l’accompagnement des artistes et à la formation.

La Locomotive
Espace Nelson Mandela –1 Allée de la Ferme 40220 Tarnos
09 53 62 38 01 – accueil@loco-motive.fr
loco-motive.fr

Crédits photos : Le Magnéto, photo Johan Px

Partager