Ensemble Hope

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en octobre 2018

Pionnier en matière instrumentale et promoteur du Cristal Baschet, la formation de musique contemporainea su faire évoluer ses instruments et ses créations, à la croisée de plusieurs disciplines.

Innovation et partage de la musique

Après avoir tenté d’échapper à son destin – incarner la troisième génération de percussionnistes au sein de la famille – Marc-Antoine Millon est rattrapé par la musique lorsque des camarades de lycée lui proposent de rejoindre leur groupe de jazz rock comme batteur. Il ne connaît ni cet instrument ni le solfège, mais se lance dans l’aventure, jusqu’à se décider enfin quelques années plus tard à étudier les percussions au Conservatoire de Limoges. La voie classique qu’il emprunte ensuite en intégrant l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Limoges n’entame en rien sa curiosité : passionné par les percussions ethniques, Marc-Antoine Millon sillonne la planète et découvre parallèlement le travail de l’Américain Harry Partch, compositeur de musique intratonale et facteur d’instruments. Cet intérêt porté aux sonorités nouvelles va s’affirmer grâce à une autre rencontre déterminante : celle de Michel Deneuve, croisé à l’occasion de l’enregistrement d’une musique pour le cinéma. « Il jouait d’un instrument totalement improbable, proche du glass harmonica recherché par le réalisateur du film », se souvient Marc-Antoine Millon. Ce musicien lui ouvre les portes de l’atelier de François (1920-2014) et Bernard Baschet (1917-2015), créateurs de sculptures sonores dont un dispositif dénommé le Cristal Baschet joué avec des archets en verre. Basculant « dans un autre univers », Marc-Antoine Millon participe à l’élaboration de percussions avec les Frères Baschet, fait entrer le Cristal au Conservatoire de Brive où il enseigne et fonde en 1984 avec Alain Labarsouque L’Ensemble Hope, afin de mieux faire connaître cet instrument. Michel Deneuve et Frédéric Bousquet complètent la formation, qui s’essaye tout d’abord aux Quatuors de Bach et de Mozart.
Conscient de la nécessité de ne pas s’enfermer dans cette seule famille d’instruments, L’Ensemble s’ouvre progressivement à d’autres et accueille de nouveaux interprètes. « Nous ne nous limitons pas aux Cristal Baschet alto, soprane ou basse, notre souhait étant d’en faire des instruments à part entière aux côtés de ceux, traditionnels », précise Marc-Antoine Millon. Éclectisme (programmes alliant voix et instruments, musiques classique, contemporaine ou improvisée…) et pluridisciplinarité (un spectacle de théâtre musical pour le jeune public verra prochainement le jour) participent d’ailleurs de l’identité de l’Ensemble Hope, son co-fondateur ayant lui-même collaboré avec la chorégraphe Carolyn Carlson et des compagnies théâtrales. Sans oublier la recherche, avec la mise au point et le développement du Titanium Euphone, héritier du Cristal, pilotés par son compagnon de scène depuis plus de 20 ans, Frédéric Bousquet. Si sa renommée s’étend aujourd’hui au-delà des frontières, la formation continue de privilégier la proximité avec des publics conviés dans des lieux atypiques tels des grottes, des tunnels de chemin de fer ou les rives d’un lac. La relation humaine reste ainsi le principal moteur de Marc-Antoine Millon. « Rien ne m’importe plus que la joie qui se lit sur les visages au terme d’un concert », conclut-il.

L’Affût : Comment s’effectue la collaboration avec des compositeurs, mais aussi des acousticiens pour la recherche instrumentale ?

Marc-Antoine Millon : Les compositeurs, qui ne souhaitent plus utiliser toujours les mêmes sonorités répertoriées dans les banques de sons disponibles sur le Net, sont très intéressés par nos instruments. Composer pour l’Ensemble requiert toutefois un investissement important. Il faut auparavant intégrer plusieurs paramètres : les positions et modes de jeu de ces instruments, leurs possibilités, leurs tessitures… Cela nécessite des rencontres avec les musiciens, des tentatives. La plupart du temps, les compositeurs nous envoient des extraits de partitions afin de voir si elles peuvent, ou non, être jouées. Une trentaine de créations est née de ces collaborations. Auprès des acousticiens, nous étudions en quelque sorte les sons au microscope et découvrons chaque fois de nouvelles possibilités sonores incroyables, que nous transmettons ensuite à des compositeurs.

L’Affût : On dit les publics réticents à l’égard de la musique contemporaine. Que constatez-vous sur le terrain ?

Cette réticence existe, notamment en raison d’un manque de pédagogie et d’éveil à cette forme musicale dès l’école. Je suis cependant persuadé que lorsque l’on crée les conditions de la rencontre avec l’œuvre, tout change. Nous venons de nous produire dans une grange d’un petit village situé en Haute-Corrèze. À la fin du concert, les spectateurs étaient comblés, nous disaient combien ils avaient été surpris et enthousiasmés par la musique. Il suffit de décider de faire le pas pour être séduit. C’est pourquoi je défends ce type d’initiatives auprès de la Région : se rendre dans les villages, rencontrer les gens, dîner avec eux, les inviter au concert et échanger ensuite. La démocratisation de la musique contemporaine ne passera pas par de grands établissements spécialisés. Je crois beaucoup plus au travail de fourmi mené sur les territoires.

Ensemble Hope
Fressanges 87260 Vicq
05 55 00 60 86 – 06 03 32 22 38
contact@hopensemble.eu – hopensemble.eu
youtube.com/user/hopensemble

Crédits photos :Frédéric Bousquet, Armelle Marq, Marc-Antoine Million – Ensemble Hope, photo Ensemble Hope

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