Villefavard labellisée !

Réalisé par Stéphanie Pichon en février 2023

Labellisée Centre culturel de rencontre – le 20e en France –, la Ferme de Villefavard commence un nouveau chapitre de son projet, 20 ans après la création de résidences artistiques musicales. Ruralité, imaginaire et création sont les trois piliers qui structurent ce changement de braquet ambitieux, mené par son directeur Sébastien Mahieuxe.

La Ferme de Villefavard

Le projet culturel de la Ferme de Villefavard en Limousin, installée entre la Souterraine et Bellac, existe depuis 2002. Quant au bâtiment qui l’accueille, une ferme-modèle d’avant-garde, il a été bâti au début du XXe siècle par Édouard et Sophie Maury. Presque cent ans plus tard, des descendants directs, Jérôme Kaltenbach et Gilles Ebersolt, respectivement chef d’orchestre et architecte, décident d’une réhabilitation exceptionnelle, tournée vers la musique. La grange est transformée en salle de concert de 300 places, à l’acoustique soignée. Cette rénovation marque le début de l’aventure artistique et culturelle de la ferme, qui a vu se succéder d’innombrables résidences de musicien·ne·s classiques ou contemporain·e·s, des enregistrements, des concerts, des visites. Le tout dans un lieu enchanteur au bâti conséquent : les étables qui servent de lieu d’exposition, des maisons-dépendances qui servent d’hébergement, une cour centrale avec fontaine, et tout autour, des forêts et étangs. Ici tout porte à entremêler histoire, patrimoine, création, et rencontres conviviales. Soit les ingrédients indispensables pour devenir Centre culturel de rencontre, ce label national du ministère de la Culture qui réunit entre autres, la Chartreuse de Villeneuve les Avignon, la Corderie Royale de Rochefort ou la Maison Maria Casarès en Charente.

Le 25 novembre dernier, lors d’une grande veillée pluridisciplinaire et festive, le public de la Ferme est venu fêter cet événement de taille : devenir le 20e Centre culturel de rencontre en France. La soirée était comme un condensé du nouveau projet porté par son directeur Sébastien Mahieuxe arrivé en 2019 sur ces terres du Nord Limousin. « Ruralité, création artistique, imaginaire, en sont les trois piliers », précise-t-il, ou comment « réhabiliter ces imaginaires du monde rural et faire émerger de nouvelles poétiques du territoire ». Avec cette labellisation, le lien avec les habitant·e·s devrait être un peu plus approfondi, en relation avec les artistes venu·e·s du monde entier. Ainsi, l’Ensemble belge flamand Hyoït, accueilli cet hiver, va travailler autour des work songs et engager, avec les habitant·e·s de la région, une collecte de chants traditionnels de travail, pour un projet musical contemporain.

L’avenir sera donc fait de tricotage artistique entre le territoire et les artistes – invité·e·s à la ferme pour des sessions d’une ou deux semaines –, tout en préservant la convivialité et la qualité de l’accueil, qui faisaient déjà la réputation du lieu. En 2022, 45 concerts y ont été organisés, 74 résident·e·s ont été accueilli·e·s, soit une dizaine d’équipes, sans compter les 15 projets non-accompagnés, c’est-à-dire en location commerciale, venus profiter des lieux pour enregistrer ou répéter. Deux festivals de taille s’y tiennent au printemps et l’été, des rencontres plus sociétales réunissent des personnalités de tous bords, le Chœur amateur du Haut Limousin y répète et travaille, et des actions culturelles irriguent le territoire. Le prochain gros rendez-vous public sera le Festival Chambre de Printemps, du 1er avril au 5 mai : une série de concerts de musique de chambre mais aussi de visites découvertes du patrimoine, et des balades nature. Toujours à la croisée des genres.

La Ferme de Villefavard en Limousin
2 impasse de l’église et de la cure 87190 Villefavard
05 55 76 54 72 – info@fermedevillefavard.com
fermedevillefavard.com

L’Affût : Pourquoi avoir postulé à ce label national Rencontre et Culture ?

Sébastien Mahieuxe : Nous répondions à tous les critères ! Nous sommes un lieu de patrimoine protégé au titre des monuments historiques, un lieu de résidence artistique. Nous créons des événements pour le public, menons des actions culturelles, inscrivons notre action dans un développement de territoire. Et, comme la plupart des Centres existants, nous sommes situés en territoire rural. Et ce label français a aussi l’avantage d’être un réseau international, qui nous ouvre sur d’autres lieux en Europe et dans le monde entier.

L’Affût : Qu’est-ce que ce label va changer ?

Le projet culturel de Villefavard existe depuis vingt ans. Ce label va donner un nouveau souffle à travers un cadre structurant, exigeant, qui va nous obliger à aller plus loin encore dans l’ancrage local, de travailler plus en prise avec les acteurs du territoire, de faire en sorte que les artistes travaillent moins en vase clos, plus en lien avec les habitants avec des projets artistiques.

L’Affût : Cela a-t-il aussi des répercussions budgétaires, RH ?

Ce label entraine une augmentation des lignes de financement étatique, qui nous soutenait déjà à travers la DRAC Nouvelle-Aquitaine. Mais nous n’en sommes qu’au début ! La ferme affiche aujourd’hui un budget de 500 000 euros, quand le budget médian des CCR se monte plutôt à 1,5 million d’euros. Auparavant, une grande part de nos recettes provenait des locations d’espace et de l’accueil commercial d’équipes artistiques. Avec le label, on assiste à un renversement de notre modèle économique, avec un fléchage des financements vers plus d’accompagnements des résidents et artistes. Nous sommes aussi en train de recruter un·e nouveau·elle chargé·e de communication et d’action culturelle.

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